Huit ans ! Voilà huit ans que nous avons découvert ensemble le BDSM. Je garde le souvenir intact de notre découverte, des premières sensations où, attachée, j’étais à son entière disposition.
Une période où nous avons pris nos places sans imaginer un seul instant que huit ans après le bdsm ferait encore partie de nos vies. Mariés depuis de nombreuses années, cela nous a permis de nous redécouvrir, autrement, d’apporter un souffle nouveau à notre relation, une intensité différente de celle connue jusqu’alors, une passion nouvelle, une complicité encore plus forte, une ouverture aux échanges gardés secrets. Des expériences que nous n’aurions jamais imaginé vivre en tant que couple marié mais aussi une progression dans des pratiques que nous n’aurions jamais pensé explorer.
Je me souviens encore d’une de nos premières séances où mari et Maître cherchaient un équilibre et où Maître s’étant laissé emporter m’avait dit « je ne pensais jamais aller aussi loin ». J’étais sa femme et il a fallu que nous avancions à notre rythme. Nous étions heureux ainsi tous les deux, dans une relation consentie, où l’amour, le respect et la bienveillance étaient nos bases. Jamais il n’y a une de violence ou même l’idée d’un tel ressenti ce qui nous a permis d’aller bien plus loin depuis.
La soumission n’a fait que mettre un mot sur celle que j’étais. Faire passer l’autre avant moi, ressentir du plaisir à faire plaisir, en éprouver au travers de sa satisfaction. Bien sûr cette condition s’est enrichie au fil du temps mais la base était là. J’aimais tout particulièrement le côté DS. Je vivais alors la soumission si profondément que le simple fait d’y repenser me bouleverse encore aujourd’hui. Je me souviens m’être dit que « j’irai au bout ». Je réfléchis tout le temps, autant dire que les idées et projets je n’en manque pas, parfois ils s’éteignent rapidement comme un soufflé avant même d’avoir été essayé, pour d’autres, je connais souvent une période où je finis par me concentrer sur mes acquis et finis par stagner.
Pour la soumission c’était autre chose, je cherchais l’excellence. L’excellence de conduite, des postures, de l’obéissance, je voulais devenir Sa soumise parfaite. L’excellence en soit ne veut rien dire car elle est différente selon les attentes de chacun. Maître n’a ainsi jamais vraiment cherché à reprendre mes positions, je l’ai regretté souvent car cela allait à l’encontre de l’image que j’avais Je faisais de mon mieux, parfois je faisais aussi exprès de ne pas me tenir aussi bien que j’aurais dû sans forcément être reprise, avec regret mais ce n’est pas ce qui est important pour lui, ce que je fais lui suffit. L’important pour Lui, était (et est toujours) avant tout de me donner entièrement à Lui, de Lui obéir, quel que soit l’ordre et la difficulté et obéir vite, obéir sans réfléchir. Et je crois qu’au fil du temps j’ai parfaitement (cela ne veut pas dire sans difficulté) réussi à répondre à toutes Ses demandes.
Après quelques années, après être sûrs d’avoir trouvé nos places, je lui ai fait ma demande pour devenir Son esclave, les larmes roulant sur mes joues, dans un moment d’émotion d’une rare intensité. C’était si fort. Je n’ai jamais fait semblant. Être à Lui, Sa soumise, Son esclave faisait partie de moi et lui donner toutes les clés de ma vie n’entravait aucune de mes libertés. J’étais si fière de Lui appartenir que j’avais envie de crier mon bonheur. J’étais si bien lorsque je m’agenouillais près de lui que même avec des proches vanilles il m’arrivait de trouver des moments pour le faire.
Cela a changé nos vies, d’abord en prenant conscience qu’il nous fallait passer plus de temps ensemble et redéfinir nos priorités de vie, s’accorder davantage de moments à deux ou des sorties que nous ne nous autorisions pas jusqu’alors. Mais aussi en faisant naitre de nouveaux projets pour se retrouver davantage ensemble.
En pensant que cela fait huit ans, je ne peux m’empêcher de repenser à notre première soirée où j’étais si intimidée et impressionnée. Admirative aussi que certains couples vivaient ainsi depuis plusieurs années. Je ne savais pas si tout le monde le vivait avec le même ressenti que moi, moi qui avais tant de mal quand notre vie quotidienne reprenait le dessus. J’avais sans doute une image erronée de ce que les autres vivaient au quotidien. Car oui le vivre en 24/7, avec désormais du recul, est quasiment impossible, pour tous, surtout sur la durée. Il faudrait sans doute ne jamais avoir de contraintes liées au travail, à la santé, aux enfants, ne jamais avoir de routines… Combien sommes-nous à ne pas avoir tant de choses parfois à gérer que notre bdsm se met parfois en retrait ?
Avide de découvertes et de sensations nouvelles, j’ai vécu au cours de ces dernières années nombre d’expériences incroyables, parfois dans le plaisir, la peur, la gêne ou la douleur. Nous sommes montés, haut, très haut, j’ai même l’impression d’avoir atteint un jour tout ce que je pouvais donner. Une séance longue et intense au fouet, un subspace très fort. Pour autant je ne me définis pas comme masochiste, je ne suis pas en recherche de douleur pour avoir du plaisir, la douleur ne m’apporte pas de plaisir et à choisir, j’opterai volontiers pour un long massage sensuel plutôt qu'une séance d’impacts.
Je supporte la douleur pour mon Maître, pour répondre à Ses attentes, pour satisfaire Ses envies, pour le rendre fier, ce qui est pour moi fondamentalement différent.
Cette douleur est parfois vive, insupportable, néanmoins je tiens pour Lui jusqu’à ce que le corps fasse son travail, jusqu’à ce que mon esprit s’évade, jusqu’à ce moment où mon corps craque ce qui arrive rarement. C’est ainsi que je le ressens, un corps qui n’en peut plus et qui pour seule réponse part vers un ailleurs, le subspace où tout parait alors sans limite. Cela devient parfois une recherche, une attente car c’est une sensation très étrange, un monde de tous les possibles et une sorte de récompense face à la douleur endurée avant.
Ce soir-là j’ai connu mon
premier drop ou plutôt ma plus profonde descente qui m’a permis d’identifier
certains états ressentis passés mais jamais avec une telle
intensité. Je crois que cette séance m’a beaucoup marquée, dans un sens comme
dans l’autre. Ce fut une séance incroyable, en parfaite symbiose, avec
énormément de complicité et d’amour, une montée haut, très haut et puis cette
chute, brutale et incontrôlée, qui m’a tout fait voir en noir dans les heures
qui ont suivi au point toute remettre en question et de me dire aujourd’hui que
j’ai atteint le point le plus haut où je pouvais aller même si j’ai, depuis que
cette « descente » due aux hormones, compris que c'était « normal », il
n’est reste pas moins qu’elle est éprouvante et difficile à comprendre et
gérer sur le moment.
Bien plus tard, un autre événement m’a beaucoup marquée, une discussion anodine que j’aurais dû oublier depuis bien longtemps mais dois-je vous redire que je suis hypersensible et qu’un mot, une parole peut me rester en mémoire pendant des années ?!
Au cours d’un échange, j’entendais quelques Maîtres dire que le Maître est souvent en recherche du plaisir de sa soumise. Il est vrai que lors de ces séances, nous vivons des orgasmes incroyables, il ne s’agit bien sûr pas que de douleur ou d’obéissance sans jamais avoir de contrepartie, il s’agit souvent d’un plaisir partagé et je pense que c’est aussi grâce à cela que la relation dure. Néanmoins, à côté de cela, Maître a souvent agi pour Lui sans la moindre recherche de mon plaisir. Bien au contraire, il m’a souvent mise en difficulté, il m’a poussé dans mes retranchements, il m’a amené là où il savait que c’était difficile pour moi d’aller. Quelques exemples me viennent en tête comme m’agenouiller au regard de tous dans des lieux publics et fréquentés, sans bouger, sans détourner la tête, m’obligeant à passer outre ce que les gens pouvaient penser, être promenée en laisse en ville, où encore me retrouver nue dans certains endroits où nous aurions pu être surpris alors que je suis de base hyper pudique. Devoir uriner avec le regard inattendu d’une personne un peu plus loin, ou encore me faire me trainer sur le sol gelé dans la terre, passer outre ma peur de la suture ou de certaines aiguilles douloureuses pour son plaisir, accepter la cagoule ou le vacuum bed alors que je supporte à peine de prendre l’ascenseur à cause de ma claustrophobie, parfois la peur de ce qui m’attendait prenait le dessus ce qui m’a valu quelques malaises vagaux mais j’ai toujours recommencé. Parce que c’était ainsi, parce que je n’avais pas le choix, parce que je devais le faire pour Lui, sans rien attendre en retour, simplement parce que telle était ma condition.
Essayer toujours de répondre à Ses demandes quelles que soient mes difficultés car le simple fait d’avoir à dire mon mot d’arrêt m’était insupportable et serait vécu comme un échec (je ne doute pas que Maître en est parfaitement conscient et qu’il gère ainsi, à sa façon, ce qu’il me pense possible de réaliser)
Cela m’a profondément affectée d'entendre ainsi que les Maîtres cherchaient le plaisir de leur soumise car bon nombre de mes actions me semblait ainsi dévalorisées et pas appréciée à leur juste valeur. Durant toutes ces années je n'ai cherché qu'à satisfaire et répondre à Ses envies même si cela ne m'apportait aucun plaisir, même si cela me gênait profondément, même si cela était en totale opposition avec ce que je souhaitais. J'aurais aimé qu'il le souligne plutôt de sembler acquiescer. Bien entendu dire le contraire ensuite ou essayer de remettre les choses dans un contexte (comme ce que je disais plus haut nos échanges de plaisir où bien entendu il y a également la satisfaction de donner du plaisir à l’autre) n’ont pas tout à fait suffit car il aurait fallu parler du reste car mon Maître n’a jamais été dans la seule recherche de mon plaisir mais a souvent fait passer Ses désirs avant les miens.
Cela m’a sans doute aussi fait ouvrir les yeux sur l’intensité hors normes du ressenti de ma profonde soumission (je ne dis pas que d’autres ne le ressentent pas ainsi et à vrai dire peu m’importe tant que chacun y trouve son bonheur et son équilibre).
J’ai toujours agi ainsi
parce non seulement ça faisait partie de moi, mais aussi parce que c’est ainsi
qu’il m’a « éduquée ». Le simple fait de penser que j’aurais,
contrairement à ce que je pensais, le choix me trouble profondément. Je laisse
de côté ma réflexion sur le sujet mais cela m'a changée. Ce non choix est pour moi essentiel dans notre relation.
En huit ans, forcément la relation évolue. Nous ne sommes plus dans la découverte du bdsm, il n’empêche qu’il nous reste encore beaucoup à découvrir.
Inévitablement, certains ressentis ont changé car ils sont déjà connus, il n’empêche que certains petits plaisirs, même routiniers, comme m’agenouiller près de Lui ou attendre Ses autorisations sont restés intacts.
Notre vie actuelle ne nous permet plus, pour le moment, de vivre notre relation aussi fréquemment qu’avant mais elle fait toujours partie de nous. Nous compilons simplement avec nos obligations, sommes obligés de définir des priorités mais nous nous retrouvons toujours avec cette petite flamme qui continue de briller dans nos cœurs et je me sens à Lui.
Nous poursuivons l’envie de nous retrouver pleinement, dans une relation plus riche et plus intense en sachant qu’il ne faut jamais rester sur ce que l’on connait, car cette relation ne supporte, à mon sens, pas la routine. Certaines routines sont agréables et il y en aura toujours mais il faut aussi savoir se renouveler, avancer, faire de nouvelles découvertes, de nouvelles rencontres…
Chacun aura une vision qui lui est propre sur ce qu’est ou ce que doit être une relation BDSM. La mienne est simplement d’être heureux ensemble, d’oublier la manière dont on devrait agir pour se conformer au moule et être qui nous sommes vraiment sans faire semblant.
Il suffit de peu de choses parfois, un regard, un ton, une parole peuvent suffire à se retrouver même en dehors de nos séances. Et lorsque je me sens à Lui je retrouve pleinement des sensations et émotions que nous avons toujours vécues.
Malgré tous les changements ayant eu lieu ces dernières années dans nos vies, notre relation est toujours là, huit ans après et je nous souhaite, Maître, qu’elle s’enrichisse encore au fil des années. Nous ouvrirons bientôt ce donjon dont nous rêvons depuis de longues années. Notre lieu mais aussi un lieu que nous mettrons à la disposition de couples souhaitant s'offrir un moment hors du temps.
A nous d’écrire la suite !
Très beau texte et qui est très parlant pour moi qui suis soumis depuis de longues années.
RépondreSupprimerBonsoir, je suis venue me connecter par hasard au cas où et j'ai la chance que vous ayez écrit après plusieurs mois de silence.
RépondreSupprimerMerci de nous dévoiler une partie de votre vie, de votre lien qui perdure depuis 8ans ( félicitations !) et pour lequel il a fallu vous adapter vous réadapter car rien n'est facile du moment que l'on a une vie familiale, professionnelle avec différentes obligations.
Vous trouvez des moments pour vivre vos envies et c'est très bien pour ne pas tomber tout à fait dans la routine de la vie quotidienne.
Bien cordialement,
Galathee.