Photo d'illustration trouvée sur Google.
Au cours de nos soirées, nous croisons de multiples personnes, certaines ne sont que des visages brièvement aperçus, d'autres nous laissent un souvenir : un sourire ou un regard échangé, une accolade, une présence, la beauté d’un lien, d’une pratique observée ou d’un moment partagé, le plaisir d’une rencontre virtuelle devenue réelle... Nous sympathisons parfois avec certaines d'entre-elles alors que nous en ignorons tout ou presque, pourtant quelque chose se passe. Des affinités se créent, parfois avec tant de simplicité et de naturel que l’évidence en devient troublante. Ce sont nos belles rencontres, celles qui se comptent encore sur nos mains. Alors on se quitte dans l’espoir de se revoir bientôt. Maître Apollo et sa soumise Galatéa, Sir DarKwhip et sa soumise Safia en font assurément partie. Après Les Nuits de l’Equinoxe, vint la deuxième rencontre, à la villa des supplices. La magie opère à nouveau, la bulle se crée et même si l’on se connaît encore peu, les émotions et la complicité sont là. Alors on se quitte à nouveau en pensant déjà à une prochaine fois. Une prochaine fois très vite organisée par nos Maîtres, qui, sans se soucier des distances qui nous séparent, ont essayé d’accorder les agendas de chacun. Le rendez-vous est pris, ça sera le deuxième week-end de décembre.
Les échanges entre Maîtres sont nombreux. Bien que Maître ne me dévoile pas le contenu (ou donne quelques bribes d’informations pratiques permettant d’organiser le voyage ou faisant monter un peu la tension), les échanges entre soumises sont quant à eux très rares. J’observe parfois Maître tapotant sur son portable, souriant seul, la complicité entre Maîtres ne fait aucun doute. Bien entendu, je mentirais si je ne me demandais pas ce que les Maîtres ont prévu. Je taquine parfois Maître sur le matériel qu’il va prendre ou lui demande si nous serons en extérieur ou non sans avoir réellement de réponse. Un silence que je respecte car je sais combien il est nécessaire pour vivre pleinement le moment quand il se présentera à nous. Ne pas savoir, ne pas anticiper permet assurément de rendre la découverte intense (ça n’est peut-être pas vrai pour toutes mais c’est ainsi que je fonctionne).
Un soir, à la mi-novembre, quelques informations me sont transmises par mail. Je découvre, impatiente, le contenu du mail dans lequel est exposé le règlement du dîner protocolaire à venir mais également le travail à accomplir par les soumises/esclave qui devront, suivant la volonté des Maîtres, écrire un sonnet en alexandrins « qui devra parcourir leur désir et leur plaisir dans la soumission » contenant trois mots imposés (un choisi par chaque Maître) : décadence, confiance et abnégation.
J’accueille l'exercice avec difficulté. Si j’ai encore un souvenir scolaire des alexandrins contenant douze pieds, je ne me sens pas du tout l’âme poète. Mon dernier poème remonte au primaire (ou peut-être au début du collège), bref c’est très loin. La tâche me paraît compliquée, l’idée de ne pas y arriver me désespère. Je me couche en pensant déjà à ce que je pourrais écrire, sans rien trouver, et m’endors dans l’espoir de me montrer par la suite plus inspirée.
Lendemain, Maître part très tôt ce matin. Me voilà seule devant mon écran avec ce poème qui me trotte encore dans la tête. Je sais que tant qu’il ne sera pas écrit, il occupera bon nombre de mes pensées, aussi je décide de m'atteler tout de suite à la tâche. Entre 6 et 7 heures du matin je jette donc une multitude de phrases sur mon écran, sans chercher à les faire rimer, en tentant juste de trouver celles qui résonnent en moi. Puis je décide de réviser la structure d’un sonnet : 14 vers, 2 quatrains, 2 tercets. Je lis un exemple et je me rends compte que j’ai un soucis au niveau des syllabes, zut comment se fait-il que je ne compte pas douze ? Il y a forcément une subtilité qui m’échappe alors je révise la manière dont on doit compter les syllabes dans un poème et comprends que cela se joue au niveau des mots se terminant par un « e » qui s’élide ou pas s’il est suivi d’une voyelle ou d’une consonne et ne compte jamais lorsqu’il est placé à la fin d’un vers. Une fois cette règle lue, je reprends la coupe en comptant sur les doigts. Et forcément, sinon ça ne serait pas drôle, quand un vers me parle, il n’y a jamais le bon nombre, il manque une syllabe ou il y en a une de trop. Les heures filent et arrivée au terme de la matinée je suis satisfaite de voir mon poème prendre forme. J’effectue encore quelques changements en début d’après-midi, ouf le voilà terminé. Satisfaite, j’ai l’esprit à nouveau libre. J’avoue que je souhaitais me débarrasser au plus vite de cette tâche mais j’ai finalement trouvé l’exercice très intéressant car au-delà de me mettre en difficulté en m’éloignant (très loin) de ma manière habituelle d'écrire, il m’a permis de réviser quelques connaissances oubliées et d’accomplir quelque chose qui me semblait incapable à réaliser.
Nous voilà en décembre. Veille du départ, je m’affaire aux valises, Maître glisse dans celle qui voyagera avec nous lors de ce week-end Ses affaires. Je regrette de ne pas avoir eu plus d’échanges avec Galatéa et Safia pour que nous puissions apprendre à davantage nous connaître ou savoir comment chacune vivait l’approche de ce moment de partage.
Après une courte nuit, nous nous rendons à l’aéroport. Installés aux extrémités, je voyage aux côtés d'une mère de famille à l'arrière de l'avion tandis que Maître est assis dans les premières rangées. Je profite du trajet pour relire le règlement du dîner protocolaire et m’en imprégner. Si certaines règles sont coutumières d’autres le sont moins. J’enregistre donc mentalement qu’il faudra que je fasse attention à ma position au moment du service du repas, mais également en dehors, que je devrais prendre soin de plier mes vêtements et les déposer devant moi, … et tout un tas d’autres choses.
Dans l’aéroport, au milieu d’autres passagers patientant tout comme nous près du tapis à bagages, je m’agenouille devant Maître pour qu’il orne mon cou de mon collier. Lorsque nous nous retrouvons seuls, le stress s’empare de moi, nous y voilà ! Dans quelques minutes, nous retrouverons Safia et son Maître Sir DarKwhip que je saluerai à genoux comme il se doit.
Bonjour Anaëlle ,
RépondreSupprimerJ'aimerais bien être une abeille pour pouvoir venir butiner , lorsque vous avez le dos tourné , votre poème écrit en Alexandrin . Pour ma pare je m'y suis déjà essayé bon nombres de fois mais sans jamais y respecter les règles ! Je n'aime pas les règles ni les protocoles ( curieux pour un soumis ) . De plus je ne suis vraiment capable d'écrire que lorsque je suis très malheureux ou très heureux et uniquement dans ces deux conditions ! Du coup en ce moment j'écris beaucoup .
Ce week-end s'annonce sur de bien beaux hospices et il me tarde d'en lire la suite . Ce doit être bien agréable de pouvoir s'évader un peu avant les fêtes de fin d'année qui arrivent à grand pas . Histoire de pouvoir s'échapper dans ces souvenirs , au moment de découper la dinde ( sourire ) ! C'est un peu comme un Noel avant l'heure .
Je vous souhaites donc à vous deux de bonnes fêtes de fin d'année ,
Pierre ,
Bonjour Pierre,
SupprimerUn très beau Noël avant l'heure en effet :) La suite sera publiée dans quelques jours.
Toutes les soumises n'aiment pas le protocole alors pourquoi en serait-il autrement pour les soumis ;-) Je ne suis pas adepte de toutes les règles mais certaines me parlent et me sont presque indispensables.
Vous dites que vous écrivez beaucoup en ce moment en évoquant 2 raisons, j'espère donc que vous êtes toujours sur votre nuage de bonheur.
Je vous souhaite également avec un peu d'avance de très belles fêtes de fin d'année,
Anaëlle