Nous attendions ces vacances avec impatience, une besoin de faire la coupure, de souffler, de mettre tous les sujets qui nous remplissent la tête au quotidien en mode "pause" pendant deux semaines. Maître avait glissé des cordes dans la valise ainsi que mon collier. Nous savions que ces vacances ne ressembleraient en rien aux dernières que nous avions partagé juste tous les deux où notre équilibre était si facile à trouver, ni aux précédentes où Maître me fait souvent vivre des découvertes et joue sur le dépassement de mes limites. Nous savions que les moments à deux seraient, cette année, difficiles à trouver et qu'il faudrait mettre de côté Maître et esclave pour profiter de vacances en famille (toutes aussi importantes), une chambre partagée où même l’intimité doit être mise de côté.
Un ciel sans le moindre nuage, un soleil éblouissant, une eau cristalline où l'on se baigne sans grimacer tant la température y est agréable, tous les ingrédients semblaient propices au bonheur. Cependant, ça n’est pas si facile de mettre de côté nos habitudes, d'accorder nos rythmes et envies ensemble et avec notre ado. Chacun a sa petite vision des vacances, pas question pour nous de glandouiller dans la chambre, de faire la grasse matinée, de regarder la télé (jamais allumée) ou d'être dépendant des jeux et autres fonctionnalités du portable (l'accès à internet étant inexistant), forcément des heurts éclatent. D'humeur boudeuse aux tensions, de l'agacement communicatif, l'impression de se gâcher du temps au lieu de se laisser vivre et de profiter de ce séjour tant attendu. A tort, j'ai souvent l'impression d'avoir un rôle de "soupape" à jouer pour apaiser les tensions, petite mise au clair d'un côté comme de l'autre pour que chacun mette de l'eau dans son vin et qui donne en même temps l'impression que je ne suis d'accord avec personne. Peut-être qu'au fond, Maître voulait trouver de bonnes raisons de passer d'autres vacances à deux.
Point de place pour l'esclave redevenue épouse et maman. Une femme dans l’incompréhension face au manque de petites attentions auxquelles il m'a habituée, au manque de considération ou même de compassion. J'ai fini par douter de son bonheur à mes côtés, à ressentir de l'indifférence qui m'a fortement blessée et fait exploser. Impossible de ne pas réagir, j'ai du vider mon sac et dire ce que je pensais de tout ça. J'ai eu l'impression de revivre ce que je ne suis plus en mesure de supporter, jamais, jusqu'à en rêver la nuit. Je me suis laissée emporter par un tourbillon de tristesse en ayant l'impression que ma vie perdait de son sens. Notre discussion nocturne à cœur ouvert l'a fait réfléchir.
Il est vrai que ce début de vacances ne ressemblait pas au climat limpide et léger que nous avions vécu il y a quelques mois tous les deux où nous savourions pleinement le bonheur de vivre constamment en Maître et esclave mais devions nous pour autant nous concentrer sur ce qui n'allait pas plutôt que sur les efforts de chacun pour passer de bonnes vacances ensemble.
Alors que je pensais que ce séjour ne nous apporterait rien côté bdsm, il m'a montré l'importance que la relation M/e a pris dans Sa/notre vie.
C’est très étrange, j'ai probablement douté plus que lui au cours de ces 4 années de la viabilité de notre relation lorsque je le sentais moins à sa place, de son désir à continuer lors de mes périples sur les montagnes russes même si à chaque fois il me répondait que je me posais trop de questions et que rien ne changeait pour lui (visiblement j'ai une capacité à remettre tout en cause et de passer du doux nuage à la terre ferme dès que je le sens moins présent) et voilà que son attitude me montre que la vanille ne semble plus guère le satisfaire.
Je ne sais pas si j'aurais du m'en réjouir du fait que nous ayons trouvé nos places et de ses certitudes sur notre choix de vie mais je fus très troublée de ce constat. J'arrive difficilement à l'exprimer, les moments câlins, l'amour, la tendresse, le partage, les mots doux... existent pourtant dans notre relation M/e mais c’est comme si nous avions franchi un nouveau pas où un éventuel retour en arrière ne se serait plus possible. Le Maître est heureux avec Son esclave plus que le mari ne l’est avec sa femme, c’est ainsi que je l'ai ressenti et forcément ça me trouble. Je me suis demandée si nous avions fait ce fameux pas de trop qui me pose souvent question.
Mettre le doigt sur le "problème", comprendre ce qui lui manquait nous a permis de tout apaiser. Le Maître a retrouvé dans la mesure du possible celle dont il avait besoin et nous avons retrouvé notre équilibre où mari/femme, Maître/esclave sont en harmonie. Son humeur s'en est trouvée modifiée, même avec notre ado même s'il trainait parfois les pieds et jouait avec notre patience pour apprécier les bons moments passés ensemble.
D'un regard, d'une attitude, sans un mot nous nous sommes retrouvés. Alors que je n'attendais aucune expérience particulière, Maître m'a fait vivre de furtifs moments où je n'avais d'autre choix que de le suivre. Je me souviendrais de mon passage dans les wc pour Messieurs et de ma crainte d'en croiser un lorsque je suis sortie des toilettes ou encore de ce soir où il m'a demandé d'enlever mon string non loin du bar de l'hôtel avant d’ôter ma robe me laissant totalement nue à l’extérieur, à quelques pas de notre chambre. Ce soir là, avec ses yeux remplis de désirs, ses mots, j'ai vu combien je lui manquais. Pas juste la femme, la femme qui est son esclave.
Les vacances se sont achevées avec ces paroles :
- Je veux ton abnégation totale. Tu la retrouveras, comme tu l'avais avant.
J'ai été très touchée par ses mots, l’abnégation me parle, sincèrement. Cela ne veut pas dire pour autant que je suis un mouton docile, que je n'ai plus d'opinion ou ne me rebelle jamais. L’abnégation ne sera pas acquise facilement, elle ne se vit pas seule mais à deux, elle est la conséquence de la place que nous occupons tous les deux et de la manière dont on l'exprime à l'autre. Cette abnégation ne peut exister que si je ressens fortement sa place, qu'il veille sur moi, qu'il veille au respect de ce que lui-même met en place. Tout ce que je fais doit avoir un sens, un sens pour Lui.
Bonsoir Anaëlle ,
RépondreSupprimerlorsque j'ai reçut sur mon tel l'annonce que vous aviez écries à nouveau et que j'y ai lu le titre de ce nouveau récit , je fus plutôt inquiet et troublé . Je n'avais qu'une hâte , c'était de venir sur mon ordi et de pouvoir le lire .
Maintenant que je l'ais lu je suis soulagé mais aussi très curieusement partagé !
Je vous sent différente et je ne saurais l'expliquer .
Je vais vous dires les choses tel que moi je les ressent .
J'ais l'impression que votre Maître est partie en vacances avec deux Anaëlles et que l'une des deux n'est pas revenue !
Je vais vous poser une question , mais vous n'êtes pas obligé d'y répondre car moi même je la trouve peut être un peu déplacé , mais je ne peu m'empêcher de vous la poser .
Dans votre toute dernière phrase , vous avez écrit " Tout ce que je fais doit avoir un sens , un sens pour lui " .
Et vous , y avez vous trouvée un sens ?
Je vous souhaite de continuer votre route qui sera longue et semé d'embûche .
Je vous souhaites tout le bonheur du monde à vous deux , car , vous le méritez vraiment .
Pour moi , vous êtes un model ............ Merci à vous deux .
Pierre ,
Bonjour Pierre,
SupprimerMerci de partager votre ressenti. Je comprends ce que vous voulez dire sur le fait de me sentir différente, vous avez probablement senti que j'étais un peu "perturbée" par ce que j'ai ressenti au début de nos vacances. Je crois qu'au fond j'ai eu peur, je ne sais pas si le terme est tout à fait approprié mais en tout cas je me suis posée des questions.
Bien sûr j'aime sentir combien notre relation est importante aux yeux de mon Maître, j'aime le sentir à sa place mais ce qui m'a dérangée c’est d'avoir l'impression qu'il préférait son esclave à sa femme (autrement dit notre passé vanille qui était nécessaire lors de ces vacances en famille). J'ai eu l'impression que cette partie de notre vie ne le rendait plus vraiment heureux et ce qui m'a inquiété c'est de me dire "et si notre relation bdsm venait à se terminer un jour que deviendrions-nous ? Le bdsm qui nous avait tant rapproché pourrait-il également détruire notre relation ?). Je pense que cela m'a fait prendre conscience de ce que je ne voulais pas perdre, de mon besoin de garder ce qui fait le ciment de notre couple et de garder notre capacité à se trouver bien l'un avec l'autre même si un jour le bdsm venait à disparaitre de nos vies.
Mon Maître n'a découvert le contenu de cet article qu'après sa publication ce qui nous a permis d'en parler longuement ensuite. Il a été surpris car il est vrai que par le passé j'ai eu quelques montagnes russes parce qu'il n'était pas parfaitement à sa place et que là justement dans le cas contraire où il affirme clairement sa position, je ne semble pas satisfaite non plus. Ah les femmes sont compliquées !
Je crois que j'avais surtout besoin d'entendre qu'il m'aimait et était heureux avec moi dans mon intégralité : la femme : épouse et esclave et que si un jour notre relation devait s'arrêter (il n'y a pas de raison à cela mais on ne sait pas de quoi sera fait le futur) cela ne changerait rien à notre amour.
Lorsque j'ai écrit cette phrase " Tout ce que je fais doit avoir un sens , un sens pour lui ", je pensais justement au fait que ça avait un sens pour moi mais obéir, suivre Ses demandes... n'a d'importance que si en retour cela fait écho en lui et qu'il en mesure toujours l'importance. C'était également une façon de Le placer comme mon Essentiel.
Notre discussion m'a permis d'y voir plus clair et d'avoir aujourd'hui l'esprit plus léger. Je nous souhaite également une longue route, je sais que cette vie nous rend heureux même si parfois des réajustements sont nécessaires et je rêve toujours de notre beau projet. :)
Je vous souhaite une très bonne journée. La rentrée approche, j'espère qu'elle vous apportera une belle rencontre ;-)
Anaëlle
Bonjour , Anaëlle, ton article me touche beaucoup. Je comprends ce que tu ressens . Tout est une question d équilibre qui est parfois difficile à maintenir . Vous vous aimez alors tout est possible . Merci d avoir partagé ton ressenti.
RépondreSupprimerA bientôt
Chloé
Ma chère Chloé,
SupprimerTu as tout résumé, c’est tout à fait ça, cet équilibre si difficile à trouver, dans lequel on se complait lorsqu'il se met en place avec facilité mais qui reste pour autant difficile à maintenir dans le quotidien.
J'y vois désormais plus clair, la tristesse a laissé place au sourire et j'attends désormais de nous retrouver pleinement. La rentrée scolaire devrait également annoncer la reprise de nos séances et d'un lien plus présent au quotidien.
Je te souhaite une belle soirée ainsi qu'à ton Maître,
Bises,
Anaëlle