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Image par Pexels de Pixabay |
La journée avait commencé comme tant d'autres ces dernières semaines, à la différence près que Maître était en congés ce jour-là. Malgré tout, il nous fallait avancer dans les démarches administratives, mes mains parcourant le clavier presque machinalement pour remplir de multiples formulaires tandis que Maître multipliait les entretiens téléphoniques. L'heure du midi approchant, je me dis que finalement cette journée était sans doute la plus banale que nous avions eu pour fêter l'anniversaire de nos 6 ans de BDSM.
Après un repas terminé sur une note de gourmandise, Maître m'a offert un nouveau piercing. Un an jour pour jour après le perçage effectué pour nos 5 ans, mon oreille a troqué son petit piercing contre des anneaux (des menottes).
Nous gardons tous deux un souvenir mitigé de notre dernière séance. Encore bien présente dans notre esprit, c'est essentiellement la fin de celle-ci qui nous reste en mémoire : les pleurs, le manque de gestion de la douleur, le questionnement sur le fait d'en avoir peut-être trop fait pour rattraper, sans doute, le temps perdu. Portant chacun une part de responsabilités, nous appréhendions un peu le déroulement de la suivante. Un bain partagé se présentait donc comme une option acceptable pour faire une coupure dans cette période où nous n'avons plus le temps de nous poser afin de passer un peu de temps ensemble. La balnéo capricieuse a cependant contraint Maître a changer ses plans. Peut-être qu'au fond, ce fut un rappel qu'un anniversaire tel que celui-ci ne peut se fêter dignement qu'avec une séance.
Il n'y eut pas d'horaire imposé, pas de consigne particulière. Je pris donc le temps de me préparer en tâchant toutefois de ne pas gaspiller ce temps ensemble si précieux. Un léger maquillage, un nouvel ensemble de lingerie, un petit short laissant apercevoir les jarretières de mes bas, mes bottes et un petit haut dévoilant mon tatouage sur le ventre.
Enfin prête, je me suis ensuite dirigée vers notre chambre. La porte était fermée mais la musique se faisait déjà entendre. Maître n'y était pas. Je découvrais donc seule l'ambiance tamisée qu'il avait préparé pour nous, sublimée par des bougies et des notes de lumière rouge. Je le remerciais intérieurement pour cette attention qui me permettait de me plonger directement dans l'ambiance en oubliant le reste.
Dans ma position d'attente, mon regard s'est tourné vers la télévision où l'image et le titre du morceau choisi étaient affichés. Pendant un bref instant, je me suis demandée s'il ne s'était pas trompé de playlist. Ces notes m'étaient plus que familières, pour dire vrai, elles dataient même un peu. Pendant longtemps, nos séances débutaient avec elles. Certaines mélodies plus que d'autres résonnent en moi et font naître des émotions. Le souvenir du petit stress dans le ventre ou du moment solennel du début de séance me revinrent en mémoire. Finalement ces souvenirs amenaient eux-aussi une émotion particulière, comme un retour aux sources.
Je souris en apercevant ses pieds nus, son jean de séance, ces immuables jamais vécus comme des routines. J'étais là, les genoux sur le parquet, petite face à Lui. Ma tête s'inclina davantage jusqu'à ce qu'il me présente sa main sur laquelle j'ai posé mon front longuement pour apprécier la saveur de ce geste, avant qu'il ne m'aide à me relever, découvrant au passage sa chemise noire entrouverte et son parfum. Il me contempla, me fit tourner. A ce moment là, je me sentais belle pour Lui, désirable, bien plus que dans notre quotidien. J'étais soucieuse de lui plaire. Presque impatiente d'avoir son avis sur la lingerie qui se cachait encore sous mes vêtements, j’espérais qu'elle lui plairait elle-aussi.
Il s’est approché de moi, m'a enlacé par derrière tandis que je rejetais ma tête dans son cou. J'étais bien. Je retrouvais pleinement ce bonheur de Lui appartenir. Sereine, chanceuse. A ma place.
Maître fit glisser mon short le long de mes jambes et ôta mon haut, me laissant en sous-vêtements, bas et bottes, la vue occultée par un bandeau de satin. Habituellement Maître profite de ce moment pour enlacer des cordes autour de mon corps mais ce ne fut pas le cas ce jour-là. Surprise, je sentis la douce chaleur de la cellophane recouvrir mes épaules avant de s'enrouler autour de mon corps. Visant d'abord à me recouvrir, le film plastique devint au fil des tours plus comprimant. Puis il est arrivé autour du cou. Je savais qu'il risquait de recouvrir mon visage. En bonne claustro presque incurable qui n'arrive pas à relativiser ma peur, j'ai fébrilement demandé à Maître s'il ferait un trou pour me permettre de respirer. Alors le film poursuivit son chemin sur mon visage où Maître prit rapidement soin de faire une large ouverture au niveau de la bouche. Puis il changea de couleur de cellophane et mit un film plus opaque au niveau des yeux me plongeant un peu plus encore dans l'obscurité. Il m'embrassa rapidement, incapable de gérer un manque d'air plus conséquent, mes lèvres se sont instinctivement retirées des siennes.
Ainsi emballée, j'étais à Lui, à sa disposition, incapable de bouger. Maître me déplaça avant de me faire tomber sur le lit. La large ouverture était plus que suffisante pour respirer mais, encore fallait-il que je me détende et ne pas m'attarde pas sur le fait qu'ainsi allongée le film plastique s'écrasait un peu plus sur le nez, pour m'en rendre compte. A ce moment là, une peur silencieuse s'empara de moi. Je me demandais s'il risquait de me poser un oreiller sur le visage alors que j'étais incapable du moindre mouvement. Cette peur incontrôlable me fait imaginer les pires scénarios et sont émotionnellement très forts. Je ne dis rien au risque de lui souffler une idée à laquelle il n'avait peut-être pas pensé.
Il déchira la cellophane entre mes jambes pour y placer un vibro. Je me laissais faire, de toute façon je n'avais pas le choix. Le plaisir s'insinua petit à petit en moi. Rapidement, j'eus envie de plus, envie de ses doigts. Le plaisir grandissant, il devint frustrant. J'avais envie de jouir ce que Maître me refusa à plusieurs reprises, arrêtant le vibro pour augmenter ma frustration. Je finis par avoir envie de le tenir moi-même pour me donner rapidement du plaisir. Plaisir qu'il m'accorda sans toutefois libérer beaucoup mes mains. La frustration contenue se mua en une jouissance intense où tout mon corps, parcouru de spasmes, céda au plaisir accompagné de cris à hauteur de l'intensité ressentie. J’oubliais alors totalement ma peur d'être ainsi enfermée. Pire encore, je me sentais bien dans mon cocon. Bien plus sereine que je ne l'étais au début. Silencieusement encore, je me dis même que j'étais prête à aller plus loin, prête à ce que Maître joue avec ma respiration.
Il me releva un peu dans le lit et arracha totalement la cellophane, non sans une pointe de regret à l'idée de quitter mon petit cocon. Rapidement la sensation de chaleur laissa place à une sensation de fraîcheur sur mon corps moite. J'entendis un bruit de papier. Je reconnus immédiatement qu'il s'agissait de l'emballage d'une compresse. Très surprise qu'il puisse imaginer jouer avec des aiguilles aujourd'hui alors que c’est à cause de celles-ci que notre dernière séance fut particulièrement éprouvante.
- Dis-moi ta couleur.
Je répondis sur un ton de semi-plaisanterie que je pourrais certainement dire jaune.
Bien sûr je repensais à notre dernière séance, à toutes ces choses (fatigue accumulée, corps particulièrement sensible et douloureux depuis plusieurs mois) qui avaient rendu une douleur gérable habituellement presque impossible à supporter. Je n'avais jamais ressenti une telle douleur avec les aiguilles. Jamais, pas même la première fois. Je n'ai pas compris pourquoi ce jour-là j’ai eu si mal alors qu'il ne s'agissait que du dos. Je m'en voulais que mon corps n'ait pas été en mesure de l'accepter tout comme mon esprit qui était arrivé au bout de ce que je pouvais donner. Et voilà qu'après cette séance, Maître souhaitait recommencer.
Il reposa la question une seconde fois comme pour s'assurer de mon choix.
- Quelle couleur ?
- Pas de couleur Maître.
Ce n'était pas un vert franc mais j'étais incapable de me refuser à Lui. Je me devais de réessayer. Pour Lui.
Avec mon bandeau, je ne voyais rien et sans doute, allongée, sur le dos, je pensais qu'il allait s'attaquer à mes seins. La compresse humecta cependant mon intimité, cet endroit si sensible.
J'étais là et ailleurs à la fois. La tête sur le côté j'étais étrangement sereine.
Maître perça une lèvre m'arrachant un cri de douleur éphémère face à la sérénité qui m’englobait désormais. Je me dis que je réussirai pour Lui. Que j'avais réussi à gérer cette douleur et que ça faisait une de moins à supporter. Maître me demanda si ça allait, je lui répondis que oui. Soucieux de mon état, il me posa la question à plusieurs reprises jusqu'à ce que je Lui dise que je ne pouvais plus lui répondre, que j'étais bien dans ma bulle et que ces questions risquaient de m'en faire sortir.
Le deuxième perçage fut tout aussi douloureux, cependant, les quatre suivants furent presque indolores. Je me sentais bien, dans un état de relaxation intense si bien que Maître m'avoua après la séance qu'il avait observé ma respiration pour voir si j'allais bien.
Je compris très vite qu'il ne s'agissait pas de simples aiguilles ornant ma chatte, je sentais le fil se tendre, le crochet rentrer dans ma peau. Première suture de la chatte ! Depuis le temps que Maître souhaitait le faire ! Il choisit le jour de nos 6 ans pour aller au bout de Ses envies.
- Je vais profiter de ton trou serré maintenant.
Les lèvres cousues, il pénétra mon intimité, trop facilement à son goût. Il rajouta donc deux points de suture aussi douloureux que les deux premiers. Cette fois l'entrée de ma chatte était plus serrée, si serrée qu'elle était désormais difficile à franchir. Je sentais les fils se tendre tandis que Maître appuyait son sexe contre moi. Je me demandais jusqu'à quel point ils pouvaient l'être et si cela ne risquait pas d'engendrer des petites coupures sur les lèvres. Il fallut quelques longues secondes avant qu'il ne réussisse à se frayer un chemin dans mon intimité pourtant si trempée pour Lui. Il me baisa, dans un échange de plaisir, avant de m'indiquer qu'il ne fallait surtout plus que je bouge. Je pensais alors qu'il allait me suturer l’extrémité des lèvres, pour bien enserrer son sexe de tous les côtés mais ce ne fut pas le cas.
- Je me suis cousu à toi pour que nous ne fassions plus qu'un.
Sans broncher, sans faire le moindre, sans le moindre sursaut, avec beaucoup de sang froid et de contrôle, il avait relié le fil de ma chatte à son sexe.
J'ai été très surprise mais hautement touchée par le symbole d'être ainsi reliés l'un à l'autre et de ne former plus qu'un alors que son sexe était toujours dans moi.
La suite n'en fut que plus belle et plus intense encore... Je me souviens de ce moment où les yeux dans les yeux ses mains ont enserré mon cou. Égoïstement, je vais garder les souvenirs de mon lâcher prise total pour nous.
Ce fut une très belle séance où nous nous sommes parfaitement et intimement reconnectés l'un à l'autre et à nos places. En six années nous avons parcouru du chemin ensemble. Ce n’est pas toujours simple, surtout quand le contexte/les obligations... nous laissent peu de temps pour vivre notre lien aussi profondément que souhaité. Cependant le bonheur de nous retrouver est toujours là, intact. Notre bonheur ne fait aucun doute.
Oui, je suis plus heureuse ainsi quand nous sommes parfaitement à nos places, quand nous prenons un peu de temps pour nous évader dans ce monde qui n'appartient qu'à nous. Bien décidés à profiter de ce que la vie a à nous offrir au présent dans l'attente de réaliser notre rêve, nous allons tâcher de nous libérer davantage de temps pour nous.
Merci Maître pour ce très bel anniversaire.
Mon esclave,
RépondreSupprimer6 ans que ce lien nous unit, un lien indescriptible de par sa force et sa profondeur.
Abnégation totale, confiance, partage, complicité sont les premiers mots qui me viennent quand je lis ce texte en repensant à cette superbe séance.
Cela faisait longtemps que je voulais réaliser cette suture, un véritable plaisir de te voir t'abandonner ainsi, qui me donne naturellement envie de recommencer!
Merci pour ce récit qui nous transporte dans notre séance, décrivant si bien nos ressentis et la puissance de notre lien.
Ton Maitre qui t'aime
Maître,
SupprimerVos mots sonnent comme une récompense, Vous savez combien ils sont importants pour moi. Outre le fait d'essayer d'être la meilleure esclave possible pour Vous, j'ai besoin de ressentir ce qui nous unit avant tout : notre complicité, notre amour, notre lien. M’abandonner totalement à Vous n’est possible qu'en ressentant Votre plaisir de me posséder. Fusionner ensemble.
Je ne sais pas si je suis aussi impatiente que Vous recommencer la suture, quoiqu'il en soit votre esclave ne pourra pas vous la refuser quand Vous l'aurez décidé.
Je Vous aime Maître,
Respectueusement,
Votre esclave
Difficile de s'immiscer dans une telle intimité.
RépondreSupprimerJuste vous dire que cette intimité est Magnifique !
Merci beaucoup, je suis très touchée.
SupprimerOh que c'est beau, impressionnant, troublant, magnifique, intime... Je reste sans voix, toujours aussi émue par votre lien, votre amour, vous.
RépondreSupprimerJe t'aime fort ma belle. Mes humbles et sincères respects à Maître Phénix.
Tendrement,
élerinna, kajira d'Elendil
Oh ma belle merci pour ces magnifiques mots qui me touchent infiniment si bien que j'en perds les miens. Alors, encore très émue à la relecture de ton commentaire, je te dis simplement merci.
SupprimerJe t'aime fort aussi et espère que nous pourrons vous revoir bientôt.
Mes sincères respects à Maître Elendil,
Et plein de bisous pour toi,
Anaëlle
Bonjour Anaëlle ,
RépondreSupprimerQuelle bien belle séance , ou l'on y retrouve votre lien si unique si fort et intense , ainsi que le troisième petit protagoniste . Je pense que vous savez de quoi je parle .
Vous avez même réussie à me faire verser une petite larme en vous lisant , pour mon plus grand plaisir .
A quand votre troisième nouvelle !!!???
Quand on a une plume telle que la votre , il devrait être interdit de la garder que pour soit !!!
Il me tarde tant , de pouvoir vous lire à nouveau .
Bien à vous ,
Une petite salutation de ma part à votre Maître ,
Pierre ,
Bonjour Pierre,
SupprimerEt oui je ne peux décidément pas m'en passer ! Sourires ;-)
Je vous remercie pour vos compliments qui me font très plaisir, l'année n'a pas été simple et mes projets d'écriture mis de côté pour le moment donc malheureusement pas de nouvelle prévue pour l'instant.
Anaëlle
Je découvre ce soir ce beau post qui résonne magnifiquement avec nos 6 ans.
RépondreSupprimerEtonnant de force et d'abandon partagé, bravo à V/vous
Superbe complicité pour V/vous comme pour N/nous chacun dans son inspiration, Merci de ce partage. :-)
Merci beaucoup Monsieur, l'incroyable sensation de sérénité de cette séance me reste encore en mémoire.
SupprimerJe vous souhaite un beau et long chemin avec votre esclave Lina avec toujours une aussi belle complicité.
Respectueusement,
Anaëlle