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Du doux nuage aux enfers : la redescente - Sub drop et aftercare

Voilà un sujet dont on parle assez peu, je ne l'ai moi-même jamais évoqué sur mon blog. Nous avons pourtant tous déjà entendu parler de l'Aftercare, ce moment cocooning où, à la fin d'une séance, le Maître prend soin de sa soumise en lui disant des mots doux, en lui apportant un peu de chaleur... mais on parle rarement du ressenti de la soumise. Comment la redescente se manifeste-t-elle ? Qu'est ce qui se trame à l'intérieur ? Par quelles phases passe-t-elle ? La petite couverture bien chaude où se blottir ne suffit pas toujours. 

Si je me décide à en parler c'est, qu'après toutes ces années, je viens seulement de prendre conscience (ça me paraît totalement dingue mais c’est ainsi) que la descente (sub drop) peut être brutale, violente et nous emporter dans les abîmes sans comprendre pour autant ce qui arrive. Il devient alors difficile d'en sortir. Le Maître peut, lui aussi, se sentir complétement démuni et ne pas savoir comment aider sa soumise.

Avant de parler de mon expérience personnelle, quelques rapides explications pour mieux comprendre les différentes phases d'une séance :

Au cours d'une séance, plusieurs sentiments peuvent naître chez la soumise : stress, plaisir, douleur, rires, larmes... une large palette d'émotions qui non seulement la fait vibrer mais qui va également déclencher la libération de multiples hormones (endorphine, adrénaline, dopamine...). 

A la fin de la séance, lorsque le corps n’est plus sollicité, la production cesse. Commence alors la descente. Elle dépend bien sûr du fonctionnement de chacune mais aussi de l'intensité de la séance. Elle peut se manifester dès la fin de séance mais aussi jusqu'à 72 h après celle-ci !

 Il n’est ainsi par rare d'avoir froid, de se sentir fatiguée, d'avoir une petite envie de grignoter, mal à la tête ou besoin de se sentir réconforter par le Maître. C’est le moment de l'Aftercare. Le Maître prend soin de sa soumise, la couvre, lui dit combien il est fier d'elle, la prend dans ses bras, la caresse... Bref, il la fait doucement redescendre et la ramène à la réalité.

Plus la séance est intense, plus le corps libère d'hormones. Je pense notamment aux endorphines qui vont être produites en réponse à la douleur afin d'en diminuer la perception. C’est un phénomène normal qui apparait également en pratiquant une activité physique intense... et qui va procurer un sentiment de bien-être. 

La soumise bascule parfois vers le Subspace, cette petite bulle où plus rien n'existe, où elle n’est plus que sensations, où la douleur laisse place à un sentiment de plénitude, d'abandon, de plaisir, un chemin de tous les possibles où les limites semblent disparaitre. 

C'est un moment où le Maître doit faire preuve d'une grande vigilance et savoir quand il doit s'arrêter sans attendre le mot d'alerte de sa soumise qui n’est parfois plus en mesure de dire "stop".

Plus la séance est intense, plus on monte haut (nous fonctionnons toutes différemment, il n'y a donc pas de règle, pour certaines il s'agira d'un moment de total abandon dans les cordes alors que pour d'autres il faudra passer par un stade de douleur élevé), plus la chute (le sub drop) peut être brutal. Contrairement à ce que l'on pourrait penser. La soumise n’est pas la seule concernée, aussi, le Maître peut lui aussi ressentir les effets de la redescente (fatigue, tristesse...).

Expliqué comme ça, ça semble facile à comprendre, à analyser et à gérer (c’est peut-être la raison pour laquelle on en parle peu) alors qu'il n'en est rien. 

Je ne sais pas si nous sommes nombreuses à vivre ces "mauvaises" redescentes. Même entre soumises, on en parle peu. Le sujet est peut-être tabou, honteux, ou trop intime pour être confié. Se livrer avec transparence n’est pas toujours simple. J'ai moi-même conscience que cela peut changer les regards alors qu'en parler est le seul moyen de faire comprendre ce qui peut se passer dans l'après. Ceux qui resteront sur l'aspect négatif n'auront malheureusement rien compris à cet article.

Alors je me lance, en toute sincérité, pour vous parler de notre dernière soirée. Nous étions tous deux très heureux de nous y rendre. Je me suis laissée portée par l'ambiance, par Maître. J'étais heureuse, joyeuse, bien entourée. Au cours de celle-ci nous avons fait une longue et intense séance de fouet. Maître avait pris soin de me mettre en condition avant, tant physiquement (en utilisant d'autres instruments pour m'échauffer et monter progressivement en intensité) que mentalement. Les coups s’enchaînent, la douleur monte. Elle devient vive, brûlante, cuisante. Je suis parfaitement consciente de ce que nous sommes en train de vivre, parfaitement capable de dire "stop" si cela s'avérait nécessaire mais je n'en ressens pas le besoin. Je peux (et veux) aller plus loin. Puis vient cet état que l'on espère revivre lorsqu'on a eu la chance d'y goûter : le lâcher prise, le subspace, ce fameux état où je me retrouve dans ma petite bulle, où plus rien n'existe, où les coups ne sont plus douloureux, où j'ai une soif d'encore, où je me sens bien, ce moment où j'ai envie que ça ne s'arrête jamais... Maître m'a dit que dans lors du subpace, j'ai l'air ailleurs, un peu shootée. La séance se poursuit, à ma demande, j'en veux encore, puis Maître cesse alors que je ne lui ai rien demandé. Par prudence. Il sait, mieux que moi, qu'il n'est pas raisonnable de continuer. Il me détache, m'enlace, je me blottis dans Ses bras, je suis bien, je me sens légère, heureuse. Je n'ai pas froid, j'ai l'impression de redescendre parfaitement, de retrouver même un peu trop vite mes esprits, d'être à nouveau parfaitement ancrée dans la soirée. Parfaitement consciente de ce que nous venons de vivre et du petit monde qui nous entoure. Je me fais plaisir, j'ai envie de sucré, je vais donc me chercher deux petites parts de gâteau. Tout va bien, je me sens bien. Nous nous reposons, puis rejouons par la suite, je me sens détendue, je suis souriante...

Après avoir bien profité, nous nous posons dans le canapé. Je comprends vite que cela signe la fin de la soirée. La fatigue se fait soudainement sentir. J'apprécie d'être entourée de ma cape pour me réchauffer. Nous décidons donc de prendre congés et de regagner notre chambre.

Je ne m'occuperai pas de Maître ce soir car j'ai soudainement très mal au ventre. Maître le comprend et ne m'en demande pas davantage. Je me blottis donc dans ses bras, fière et heureuse de porter Ses marques. Je me sens à Lui. Notre Lien est là, présent, englobant, protecteur, plein d'amour. Nous avons passé une très bonne soirée.

 Il est difficile de trouver une place confortable dans le lit, chaque mouvement me rappelle les douleurs passées. Pour autant, je ne m'en plains pas car j'ai aimé retrouver cette intensité. Bien que je redoute le fouet car il s'agit de l'instrument le plus puissant et mordant, il est le seul auquel je m'abandonne totalement dans une connexion unique et singulière.

 Malgré la fatigue je n'arrive pas à m'endormir. Je passe la nuit entre éveil et somnolence. Rien de bien récupérateur. Bien sûr j'ai toujours mal aux fesses et cela ne m'aide pas à trouver le sommeil mais autre chose ne va pas. A vrai dire, rien ne va plus ! Je me demande tout à coup pourquoi je suis allée aussi loin, pourquoi j'ai le cul marqué à ce point. J'en viens même à me dire que je ne suis pas certaine de vouloir continuer, et même finalement qu'on va tout arrêter. A ce moment-là, impossible de sortir de ces pensées. J'en suis prisonnière. Je reste de mon côté du lit sans même chercher à trouver du réconfort auprès de Maître. Il n'y a plus rien d'autre qui compte, ces phrases tournent en boucle dans ma tête, comme une vieille cassette. C’est la même chose toute la nuit. Je m'endors, je me réveille et me voilà repartie dans ces sombres pensées comme si finalement je ne m'étais pas encore endormie. Je ne cherche pas à analyser, à comprendre. Non. Il n'y a plus que ça, ces quelques phrases qui tournent en boucle dont il est impossible de me défaire. 

Je ne suis plus du tout en mesure de prendre du recul par rapport à ce qui se passe. Je n'ai plus les idées claires. Bien sûr, à aucun moment je me dis que cette phase c’est la fameuse redescente ! J'ai, depuis la fin de soirée, basculée dans l'extrême inverse. Après être montée très haut et être montée sur mon petit nuage de bien-être, me voilà désormais aux enfers. Le sentiment de bonheur s'est mué en un profond désarroi. Cela va durer... longtemps. Toute la nuit. Mais également se poursuivre  le matin après le réveil même si j'arrive désormais à prendre un peu de recul. Je ne regrette plus ce qui s’est passé lors de la soirée, mais mes idées ne sont toujours pas très claires.

ll me faudra du temps et discuter avec Maître plus tard dans la journée pour comprendre que ce sentiment de tristesse est dû à la redescente. Maître fait rapidement le lien avec une autre séance intense chez des amis, où après également une excellente soirée, nous avions très peu dormis car j'avais passé la nuit à pleurer. Et c’est ce souvenir, rappelé par Maître, qui me fait réellement prendre conscience, que ce que je vis dans l'après n'a rien à voir avec ce que je ressens réellement. Prise de conscience de la brutalité de la chute et de ses conséquences.

Comme expliqué plus haut, c’est une phase "normale" qui vient en réponse à la sécrétion d'hormones ou plutôt à son arrêt en fin de séance.

Ce dont on parle moins, c'est que cela peut prendre des proportions très importantes. En essayant de comprendre ce qui m'était arrivé, j'ai ainsi appris que le sub drop (la redescente) pouvait se manifester par une irritabilité, des vertiges, une perte d'appétit, un manque de concentration, des maux divers (digestifs, maux de tête...), une fatigue, une dévalorisation de soi, un sentiment de désespoir, une déprime, des pensées suicidaires... Ça donne quand même à réfléchir !

  S'il est facile d'apporter un peu de chaleur en couvrant sa soumise et en la réconfortant avec du chocolat... c'est beaucoup plus difficile, pour le Maître, de savoir comment réagir quand le mal-être se trame à l'intérieur et que la soumise, elle-même, a du mal à expliquer ce qui lui arrive. 

Ces "symptômes" peuvent passer très rapidement ou durer plusieurs heures.

A l'heure où j'écris cet article, je ne m'explique toujours pas comment j'ai pu me retrouver à ce point prisonnière de ces pensées. Pourquoi ça a duré si longtemps. Comment j'ai pu sombrer ainsi (même si j'ai désormais l'explication). Ma réaction me paraît totalement démesurée mais elle était tout bonnement incontrôlable. Tout cela me paraît si loin maintenant. Une fois ce sentiment de tristesse passager passé, j'ai retrouvé mon petit nuage auprès de Maître dans les jours qui ont suivi. Notre lien est fort, puissant. Je me sens bien plus heureuse encore qu'avant la soirée, j'aime notre relation, je suis fière de porter Ses marques, j'aime les contempler, ressentir la douleur quand je m’assois... Bref, nous avons retrouvé une vie "normale" où je n'ai aucun doute ni sur nous ni sur le fait de vouloir continuer cette vie que nous avons tous deux choisie.

Alors que j'informais Maître de mon intention d'écrire un article sur la redescente (cela aidera peut-être d’autres personnes qui ne savent pas pourquoi, dans l'après, ça ne va pas), Maître m'a dit qu'il comptait me le demander car il ne savait pas de quelle manière il pouvait m'aider.

En effet, Il m'a apporté tout ce qu'on conseille de faire lors de l'aftercare : de la tendresse, de l'amour, Il a eu les mots si plaisant à entendre après, il a soigné mes coupures, j'ai mangé des petits gâteaux, ma cape est venue me réchauffer, nous avons un peu discuté et dès lors que la fatigue s'est fait sentir nous avons cessé nos jeux.

A vrai dire, je n'ai moi-même pas la réponse à sa question. Qu'aurait-il pu faire de plus ? Qu’est ce qui m’aurait permis de sortir de ces pensées qui tournaient en boucle dans ma tête ? Cette phase aurait-elle pu être évitée ? Je ne sais pas. 

J'aurais aimé lui souffler des solutions. Je crois qu'il faudrait peut-être m'entourer de paroles positives et les répéter encore et encore jusqu'à faire taire toute pensée négative. Je ne vois que ça, pour le moment.

Même si nous avons, tous deux, compris ce qui m'était arrivé. Cette "mauvaise" descente que j'ai finalement vécu plusieurs fois auparavant sans en prendre véritablement conscience, arrivera encore, lors d'une prochaine séance pleine d’intensité. 

Malgré cet article, malgré la prise de conscience qui l'accompagne, je ne serais probablement pas en mesure de prendre de recul. Puisqu'il s'agit d'un phénomène physique, la chute d'hormones parlera à ma place et je me laisserais probablement enfermer de la même manière. Bien décidé à trouver des clés pour m'aider, je tâcherai alors de saisir fermement la main que Maître me tend pour me rattraper. 


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Commentaires

  1. Mon esclave,

    Quand ton Maitre te fait monter si haut, forcément la descente risque d'être vertigineuse.

    Réussir à se l'expliquer et à le comprendre est déjà pour nous deux un grand pas de franchi, même si cela ne nous donne pas forcément la solution.
    C'est déstabilisant pour ton Maitre, qui est sensé tout contrôlé :-), d'être sans armes et incapable de te faire revenir à du positif dans ces moments là.
    Passer du si haut au si bas en déstabiliserait plus d'un....
    Mais maintenant que nous y mettons des mots, reste à l'intégrer et agir en fonction pour t'aider à redescendre doucement et sereinement.
    Peu de soumises vont si loin, lâchent prise comme tu le fais et donc peu de Maitres y sont confrontés et en tout cas peu de Maitres en parlent.
    Ton article en aidera peut être d'autres à mettre ces mots sur l'inexplicable de la redescente.
    Chacun apprend au fur et à mesure, grandit au fil des expériences, nous venons à nouveau de grandir ensemble.
    Merci pour ton article mon esclave

    Ton Maitre qui t'aime

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Maître,

      Nous montons en effet de plus en plus haut et nous avons vécu cet après chacun à notre manière : il m'a fallu d'abord mettre des mots sur ce qui était arrivé, comprendre pour mieux savoir réagir la prochaine fois.
      Je sais combien il est difficile pour vous de vous sentir démuni. Cet article et la réflexion personnelle l'accompagnant devait vous aider à trouver des pistes, des solutions, de comprendre ce que j'attendais de vous et comment vous pourriez m'aider. Ça n’est pas si facile, même pour moi, de savoir ce que j'attends de vous. Entendre Vos mots rassurants est déjà un début.

      A force d'explorer nous trouverons des solutions ensemble.

      Je Vous aime
      Votre esclave


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  2. Une très intéressante réflexion.
    Les moments d'intense élévation sont toujours suivis d'une période " d'atterrissage" désagréable.
    On peut évoquer les descentes de trip après consommation de drogues et hallucinogènes type Lsd, les périodes de doute profond qui suivent une extase spirituelle ou même à un beaucoup plus faible niveau la mini dépression qui suit l'éjaculation masculine qui fait dire qu'après l'amour l'animal est triste.
    En tout cas, c'est une grande chance d'avoir à vos côtés, un Maître attentif et attentionné qui est présent dans ces moments là car plus on monte haut et plus dure sera la chute... jusqu'à la prochaine élévation !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour,

      Je vous remercie pour votre commentaire et votre contribution.

      Vous avez raison, plus on monte haut et plus dure est la chute (d'où la nécessité d'être bien accompagnée). Fort heureusement cette chute n'altère en rien le désir de recommencer, la comprendre permet toutefois de mieux s'y préparer.

      Bonne journée,
      Anaëlle

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  3. Bonsoir Anaëlle ,

    Oui , le corp fabrique de nombreuses drogues lors de séances intenses , et plus elles le sont et plus il en fabrique , et ce sont bien des drogues au sens propre du terme .

    Si je vous parle de ma propre expérience je dirais que :

    Plus je suis heureux et plus je vois la vie noir !

    Et chez moi cela dure en moyenne entre 1h et 4 jours , mais au fil du temps j'ai appris à les dompter , mais surtout à les reconnaître et à les différentier puis à les cataloguer .

    Moi , j'ai une petite astuce pour les faire passer plus vite , mais cela ne marche pas à tous les coups . Je mange une ou plusieurs bananes séchées ( c'est riche en potassium et en glucide )

    C'est bien d'en avoir parler dans votre article , car juste le fait d'avoir partager avec nous ces instants , d'avoir su les reconnaître . Cela vous permettras peut être d'en atténuer un peu leurs intensités .

    Bonne soirées Anaëlle ainsi qu'à Votre Maître ,


    Pierre ,

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Pierre,

      Merci pour ce conseil !
      Contrairement à vous cet état est du à l'après séances et pas au bonheur en général.
      Même si mon humeur peut facilement basculer, lorsque je suis heureuse je suis en général sur un petit nuage.

      Bonne journée,
      Anaëlle

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