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Aux prémices de notre petit coin de paradis

Image par jplenio de Pixabay


Un trimestre s’est déjà écoulé depuis notre emménagement. Comme chaque jour je m'affaire à la rénovation de notre demeure. Couverte de poussière, dans une tenue qui n'a rien de sexy, Maître me rejoint en me disant qu'Il va promener son esclave. Maintenant ? Nous sommes en plein travail et cet arrêt brutal me surprend. Il se charge d'aller me chercher une tenue qu'il me ramène dissimulée dans ma cape et me désigne un endroit où je devrai l'attendre lorsque je serai prête.

Je file à la salle de bain pour me rafraichir rapidement et enfiler, non sans mal, le harnais qu'il a prévu pour cette sortie. En ce mois d'octobre, la tenue me semble des plus minimalistes, quelques sangles pour souligner ma poitrine, d'autres pour les jambes. Inutile de préciser que je ne porterai rien d'autre en dehors de ma cape et de bottes me permettant de marcher en extérieur..

Une fois prête, je l'attends agenouillée devant la porte d'entrée. Il me pare de mon collier auquel il attache une laisse. Cela fait bien longtemps que je ne l'ai plus sentie tirer mon cou. Nous sortons, je suis un peu stressée, j'espère ne pas croiser de voisins. Instinctivement je ferme ma cape que Maître ouvre rapidement. Puis, nous nous dirigeons vers notre partie privée, la peur d'être vue s'éloigne donc un instant jusqu'à ce que Maître me dise que nous allons descendre le chemin menant à la route départementale. Je ne manifeste aucune inquiétude pensant que le seul but est de me mettre en condition en faisant un peu monter la tension et qu'il se détournera rapidement pour reprendre un autre chemin. A mi-chemin, lorsqu'une voiture se fait entendre Maître me plaque contre Lui, ce qui semble confirmer que nous n'irons pas plus loin. Mais comme Maître s'amuse souvent à me le dire "Mon Maître peut encore me surprendre" et nous poursuivons le chemin jusqu'à atteindre la départementale au bout du chemin. Maître ouvre complètement ma cape dévoilant mon corps nu simplement paré des harnais. Il me fait quelques photos, puis me demande de m'asseoir, de me toucher, je ne suis pas très à l'aise... Fort heureusement aucune voiture ne passe. L'exhibition ne m'a jamais plu et m'est toujours difficile.

Satisfait, nous regagnons notre parc. Maître m'enlève ma cape et nous nous enfouissons au milieu des arbres jusqu'à rejoindre une structure en cordes sur laquelle il me demande de prendre place jambes écartées, pieds nus, bras tendus de chaque côté. Mes membres sont immobilisés par des cordes. Un bandeau vient m'occulter la vue. Le vibro prend place entre mes jambes, voilà qui réchauffera peut-être mon corps totalement à l'ombre. Les vibrations se diffusent me laissant échapper de petits gémissements toutefois rapidement la douleur se fait sentir dans les bras maintenus en l'air, duel entre inconfort et un plaisir qui devient petit à petit inaccessible. 

Le martinet vient ensuite échauffer mes fesses, cela fait bien longtemps que je ne l'ai pas senti. Comme souvent lors de ces longues périodes, mon corps me parait bien plus sensible, je ne sens que le côté piquant sans éprouver de plaisir. J'ai l'impression que jamais je ne retrouverai d'autres sensations, j'ai l'impression de débuter à nouveau comme si j'avais oublié nos six années de BDSM et d'impacts dans lesquels nous sommes pourtant déjà allés très loin. Puis Maître se saisit d'un autre instrument. J'ai besoin de contact alors peu à peu je me penche autant que possible en arrière pour sentir son corps contre le mien, ma tête en appui sur son épaule, Maître me souffle de me laisser aller. Peu après, il me détache. J'apprécie qu'il m'apprivoise à nouveau sans me forcer à supporter une douleur qui risque de me braquer mais je suis déçue, je n'ai pas envie de partir. Il me dit de me rhabiller, je remets mes bottes, la cape vient un peu me réchauffer tandis que nous reprenons le chemin, tenue en laisse.

Nous ne prenons cependant pas le chemin du retour et bien vite nous nous arrêtons sur une zone ensoleillée au milieu de notre parc verdoyant. Maître dispose un linge sur l'herbe sur lequel il pose ma cape et me demande de m'y installer. Il pose sur le sol une écuelle remplie d'eau et me demande de boire. J'essaie autant que possible à m'appliquer à laper sans y parvenir. La moitié de mon visage baigne dans l'eau tandis que ma langue agite l'eau sans réussir à boire. Maître vient se glisser derrière moi. Ses coups de butoir ne me facilitent pas la tâche mais j'ai ordre de ne pas arrêter de laper. 

Nous sommes face à notre demeure, le cadre est incroyable, enchanteur. C'est notre première séance en extérieur depuis notre emménagement et soudain rêve et réalité se rejoignent. Nous goûtons enfin à ce que nous avions imaginé. Je m'allonge ensuite sur le dos en ayant ordre de me donner du plaisir avec le  vibro. Le soleil réchauffe ma peau, je me sens bien, je suis sereine, je ne dissimule rien de mon intimé ni de mon plaisir à Maître. Les yeux fermés, je me surprends soudain à penser à une nouvelle que j'avais écrite bien avant d’acquérir cette propriété. J'ai comme l'impression que cette nouvelle (Huis Clos) a été écrite pour ce lieu : le grand portail, les bois, les doigts de Maître qui me fistent. Je pense à la suite, à ce que nous pourrions vivre au milieu de ces arbres, aux contraintes, à la cave... Je crie mon plaisir sans retenue.

Puis un déchirement de plastique me ramène à la réalité, les aiguilles. De petits soupirs laissent entrevoir ce que je ressens en cet instant. Pour en avoir parlé à Maître récemment, il sait que je ne suis pas prête à les supporter si tôt. J'ai besoin de temps pour que mon esprit accepte de se reconnecter à la douleur, l'investissement nécessaire à la mise en place et l'avancement de notre projet ne me permettant plus de vivre aussi régulièrement de longues séances.  La compresse froide vient humidifier mes seins. Je n'en ai pas envie, je m'efforce toutefois de retrouver ma place, celle où j'agis pour le plaisir de Maître, celle où je fais les choses pour lui, celle où j'essaie toujours. Je pense à notre dernière suture (de la chatte), je me sentais si détendue à ce moment-là. Je me demande encore comme j'ai pu l'être tant il me parait désormais difficile de me détendre pour de simples aiguilles.  La première aiguille traverse la peau de mon sein, la douleur est brève, supportable, une seconde me met en confiance, la troisième au contraire ne veut pas passer, elle fait mal, mon esprit ne veut pas s'abandonner. Les suivantes seront moins douloureuses. Maître admire mes seins ornés d'aiguilles mais également le retour de son esclave. 

Il s'allonge sur ma cape et me dit que lui aussi à un rêve, il veut me voir le chevaucher, dans ce jardin idyllique, avec en arrière plan notre demeure, celle que nous avons cherché et attendu durant tant d'années. Mes jambes se placent de part et d'autre de sa taille, nos corps ne font plus qu'un. Mon corps ondule sur le sien sensuellement, intensément. Puis il me prend à quatre pattes pour que je contemple également la vue à laquelle je tournais le dos jusqu'à ce qu'il inonde mes fesses de son plaisir.

Nous nous allongeons l'un contre l'eau profitant des derniers rayons du soleil d'automne, proches et complices, si bien ensemble. Je suis sur un petit nuage de bonheur.

Nous rentrons chez nous où la séance se poursuivra cette fois dans notre chambre. Durant cette coupure avec notre quotidien nous avons goûté à ce qui a initié notre changement de vie il y a quelques années : être ensemble, vivre notre lien en toute liberté et le vivre par la suite de plus en plus intensément au quotidien.


Commentaires

  1. Que ce nouveau chapitre de vie vous apporte joie, bonheur, exhaltations et puisse vous ccompagner chaque jour dans le chemin que vous avez tous 2 choisi d'emprunter

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  2. Bonjour Anaëlle ,

    Comme toujours votre plume nous transporte avec vous dans votre petit coin de paradis durement acquis , durant des années de recherche et de rebondissement .

    Donc ce fut une " fraiche " reprise !

    L'exhibition n'est pas une chose en soi qui me dérange , j'y prend même plutôt du plaisir , par contre les aiguilles après trois mois d'arrêt , beaucoup plus !
    Mais heureusement pour vous , vous avez un Maître d'exception qui connait sa petite chose sur le bout des ongles , qui sait quoi faire , quand le faire et à quel moment .
    Je vous envie toujours autant !

    Je terminerais donc en Vous souhaitant , une bonne reprise . . . . . .

    Pierre ,

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